Aide aux entreprises
Par Maître France CHARRUYER
Avocat associé en IP / IT et Droit des Affaires
Data Protection Officer (DPO)
Enseigne à l’Université Paris Dauphine au sein du Diplôme d’Université,
Délégué à la protection des données.
Direction de la SELAS inter-barreaux ALTIJ (Toulouse - Bordeaux)
Et Maître Sylvain FAVIER
Avocat associé en droit des affaires etFusions Acquisitions
Restructuring et procédures collectives
SELAS inter-barreaux ALTIJ (Toulouse - Bordeaux)
I. MESURES PREVENTIVES À PRENDRE PAR LE CHEF D’ENTREPRISE
Établissement d’un prévisionnel de trésorerie
Le but du prévisionnel de trésorerie est d’établir un diagnostic de l’entreprise afin de visualiser les conséquences de la baisse du chiffre d’affaires, et d’identifier un éventuel risque de rupture de trésorerie et son calendrier.
Plusieurs hypothèses :
Ralentissement faible ou fort de l’activité,
Arrêt total de l’activité,
Rupture d’approvisionnement (évaluer à combien ? -30 % du chiffre d’affaires ? -50 % du chiffre d’affaires ?).
La pertinence et la probabilité du prévisionnel sont déterminées par le chef d’entreprise qui devra tenir compte de l’activité, de la structure salariale/de la masse salariale, du territoire d’intervention et de la sensibilité de ses approvisionnements.
Relations avec les fournisseurs
Plusieurs mesures doivent être prises dans la mesure du possible avec les fournisseurs :
Arrêter le règlement des fournisseurs non stratégiques et suspendre les loyers si cela est possible,
Entamer des négociations bilatérales avec les fournisseurs pour aboutir à un étalement des remboursements, ces négociations pouvant éventuellement être menées dans le cadre du mandat ad hoc et de la conciliation, d’une négociation amiable et confidentielle entre avocats, ou encore dans le cadre d’un Mode Alternatif de Résolution des Différends.
Relations avec la Banque
Il convient de négocier avec la banque l’octroi de crédits supplémentaires exceptionnels et/ou le maintien des crédits existants.
BPI France est mobilisée pour accompagner les entreprises impactées :
Octroi de la garantie BPI France pour les prêts de trésorerie accordés par les banques privées françaises aux entreprises affectées par les conséquences du Coronavirus,
Prolongation des garanties classiques des crédits d’investissement pour accompagner les réaménagements opérés par les banques, sans frais de gestion,
Réaménagement des crédits moyen et long terme pour les clients BPI France,
Lancement de prêts de soutien à la trésorerie des entreprises impactées,
Mise en place d’un formulaire de demande en ligne et d’un numéro vert (0 969 370 240).
II. SOUTIEN FISCAL : REPORT DES CHARGES ET REMBOURSEMENT ANTICIPÉ
Report des cotisations sociales à l'URSSAF
Aucune justification obligatoire et aucune pénalité de retard ne sera ensuite appliquée, face au caractère exceptionnel de la situation.
Il faudra déclarer 0 € sur votre échéance de février (pas besoin d’envoyer un message complémentaire).
Délai de trois mois pour acquitter les cotisations reportées (information URSSAF au 14 mars, susceptible d'évoluer dans les prochains jours).
Pour les employeurs dont la date d’échéance intervient le 5 du mois, des informations leur seront communiquées ultérieurement en vue de l’échéance du 5 avril.
Report de l’impôt
Le gouvernement a confirmé la possibilité d'un report charges fiscales, en plus des charges sociales.
Impôt sur le revenu. Concrètement, il est possible de demander à reporter le paiement de l’impôt sur le revenu issu de l’activité d'auto-entrepreneur.
En cas d’option pour le versement forfaitaire libératoire (versement des charges fiscales à l'URSSAF), vous devez faire votre demande de report dans l’espace personnel sur autoentrepreneur.urssaf.fr.
En l’absence d’option pour le versement forfaitaire libératoire (versement des charges fiscales directement à votre centre des impôts), vous devez adresser votre demande de report à ce même centre, et non pas à l'URSSAF. Il vous faudra vous connecter à votre espace particulier et moduler le versement des acomptes d’IR dans la rubrique « gérer mon prélèvement à la source ».
Pas d’annulation des charges sociales et fiscales pour l’instant (simple report) : mais demande actuellement à l’étude par le gouvernement (à priori annulation du paiement décidée au cas par cas + demande spécifique et documentée d'une grande difficulté financière devra bien sûr être effectuée).
Impôt sur les sociétés. Report sans pénalité des prochaines échéances d’acompte d’IS et taxe sur les salaires. Demande à effectuer au SIE du ressort de la société.
Si les échéances de mars ont déjà été payées, possibilité de demander au SIE un remboursement.
Pour les contrats de mensualisation pour le paiement du CFE ou de la taxe foncière. Il est possible de le suspendre dans leur espace professionnel ou en contactant le Centre prélèvement service : le montant restant sera prélevé au solde, sans pénalité.
Dans tous les cas : un examen individualisé des demandes sera effectué.
Remboursement anticipé de certaines créances fiscales
Pour toutes les sociétés :
Remboursement anticipé des créances d’IS,
Traitement accéléré des demandes de remboursement des crédits de TVA,
Remboursement anticipé du CIR (délai annoncé de quelques jours en vue de traiter la demande). Procédure : dépôt immédiat de la déclaration de résultat (« liasse fiscale ») afin d’obtenir le remboursement du CIR pour l’année 2019,
Remboursement anticipé du CICE.
III. SOUTIEN BANCAIRE : PRET GARANTI PAR L’ÉTAT (PGE)
Entreprises concernées
Les entreprises de toute taille, quelle que soit leur forme juridique (Sociétés, micro-entrepreneurs, associations et fondations ayant une activité économique) et quel que soit leur secteur d’activité (commerçants, artisans, exploitants agricoles, professions libérales).
Sont en revanche exclus du dispositif :
Les sociétés civiles immobilières,
Les établissements de crédit,
Les sociétés de financement,
Les sociétés en difficulté faisant l’objet d’une procédure de sauvegarde, de redressement, ou de liquidation judiciaire.
Délai pour demander le prêt
Les réseaux bancaires commercialiseront ces prêts à partir du mercredi 25 mars 2020, jusqu’au 31 décembre 2020.
Montant et modalité du prêt accordé
Le prêt pourra représenter au maximum 25% du chiffre d'affaires HT 2019 (ou du dernier exercice clos pour les clôtures non calquées sur l’année civile), ou deux années de masse salariale pour les entreprises innovantes ou pour les entreprises créées depuis le 1er janvier 2019.
Remarque : seuil pénalisant pour les jeunes entreprises sans masse salariale, ayant un chiffre d’affaires 2019 largement en deçà de la réalité économique de 2020.
Aucun remboursement ne sera exigé la première année. L’entreprise pourra choisir d’amortir le prêt sur une durée maximale de cinq ans. L’emprunteur pourra prendre ce choix d’amortir le prêt sur une période de cinq années à l’issue de la première année d’obtention dudit prêt.
Les banques s’engagent à examiner toutes les demandes qui leur seront adressées et à leur donner une réponse rapide. Elles s’engagent à distribuer massivement les prêts garantis par l’Etat pour soulager sans délai la trésorerie des entreprises et des professionnels.
Le coût du prêt (taux d’intérêt) sera constitué du coût de financement propre à chaque banque, sans marge (à prix coûtant).
Montant et modalité de la garantie par l’Etat (PGE)
Le prêt bénéficie d’une garantie de l’Etat à hauteur de 70 à 90 %, selon la taille de l’entreprise. Les banques conservent ainsi une part du risque associé.