Entrevue avec Mikaël BENILLOUCHE, Maître de conférences en droit pénal

Mikaël BENILLOUCHE est Maître de conférences des Universités et Directeur des études de Sup Barreau. Il est également l'auteur de nombreux ouvrages juridiques dont "Chronique d'un maître de conférences" et "How to get away with...le droit pénal" chez Enrick-B-Éditions.
1) Bonjour Mikaël, pour commencer pouvez-vous nous partager une rapide rétrospective de votre parcours ? Comment devient-on Maître de conférences en droit pénal ?
J’ai suivi un cursus jusqu’en Master 1 à Assas avant d’opter pour le M2 (autrefois DEA) de droit pénal et politique criminelle en Europe alors dirigé par le professeur Mireille Delmas-Marty. Je devais obtenir une allocation de recherches (désormais contrat doctoral) pour financer ma thèse, ce que j’ai fait grâce à mon classement à l’issue du DEA. J’ai combiné la préparation de la thèse et les enseignements pendant 3 ans avant de soutenir ma thèse. Celle-ci a été qualifiée par le CNU.
Ensuite, j’ai postulé en fonction des postes ouverts. La première année, je n’ai pas obtenu de poste, mais ce fut le cas l’année suivante à Amiens.
2) Pourquoi avoir choisi la formation/le métier d'avocat ?
J’ai toujours eu un sentiment de révolte. Si j’ai voulu être avocat c’est pour défendre autrui, prêter ma voix à ceux que l’on n’entend pas.
3) Quel est le meilleur conseil que l'on vous ait donné dans votre carrière ?
À plusieurs reprises, j’ai été confronté à des choix de carrière : droit public ou droit privé, droit des affaires ou droit pénal, privilégier l’avocature ou la carrière universitaire, créer SupBarreau ou continuer à ronronner là où je travaillais, ouvrir de nouveaux campus, reprendre la robe ...
À chaque fois, je repense à ce conseil maternel simple et évident : va là où ton cœur te porte. Je suis un passionné, je ne peux pas me tromper. Quelque soit ce choix, je le vivrais intensément sans jamais regarder en arrière.
4) Est-ce que l'enseignement actuel dans les Universités de droit prépare adéquatement les étudiants à la réalité, non seulement de l'examen du CRFPA, mais surtout du métier d'avocat ?
Je ne trouve pas du tout. L’Université doit s’ouvrir davantage. Dès les premiers semestres, il faut des séminaires d’ouverture où les étudiants rencontrent des professionnels.
Ensuite, il faut assister aux audiences, aller visiter les lieux de privation de liberté, faire des stages.
Il faut également favoriser les exercices pratiques pour favoriser la découverte des enjeux par les étudiants.
5) Vous êtes Directeur des Études d'une préparation privée à l'examen du CRFPA, quelle est au sein de Sup Barreau votre philosophie ?
L’étudiant est au coeur de notre projet. Chaque étudiant a son histoire, son cursus qui l’a conduit jusqu’aux portes de la profession d’avocat. Il a ses qualités propres et ses défauts. Nous devons magnifier ses qualités et réduire ses défauts.
6) Quel est le meilleur conseil à donner à un candidat (ou futur candidat) au CRFPA ?
Crois en toi. Tu peux te faire ta place dans cette profession. Elle a besoin de diversité.
7) Dans votre dernier ouvrage, qui s'intitule "How to get away with ... le droit pénal", vous décortiquez la saison 1 de la série "Murder" à travers le droit pénal français. En toute intimité vous pouvez bien nous l'avouer ... combien de fois avez-vous visionné cette saison ?
Je la visionne régulièrement. Annalise dégage une telle force, une telle prestance face à l’adversité.
8) Pourquoi la série "Murder" ? Une autre série aurait-elle pu être votre sujet d'étude ?
La série « engrenages » est particulièrement bien faite, bien ficelée. Et puis, il y a Audrey Fleurot et ça c’est inestimable.
9) Dans cet ouvrage votre mode de pédagogie est innovant et ludique. Selon vous l'étudiant en droit ou le juriste d'aujourd'hui doit avoir cette curiosité de consommer du droit sous toutes ses formes (séries, romans, films, podcasts, réseaux sociaux, blog etc) ?
Avant tout, ce doit être à l’enseignant de s’adapter à tous ces nouveaux formats, d’aller à la rencontre des étudiants. Grâce à Facebook, twitter, YouTube, Instagram, je rencontre des étudiants de tous horizons, je peux échanger avec eux, quelle richesse.
Enseigner de la sorte est une cure de jouvence.
Ensuite, les étudiants doivent utiliser tous ces supports pour étoffer leurs connaissances.
10) Pour finir, une question plus personnelle : quelle personnalité vous inspire dans votre métier ou votre quotidien ?
Le dieu des pénalistes : Badinter !
Un grand merci à Mikaël Benillouche de s’être prêté au jeu de l’entrevue !
réf. : BAURES (J.), "Entrevue avec Mikaël BENILLOUCHE, Maître de conférences en droit pénal", Doctrin'Actu mai 2020, art. 127